Regarde le calendrier. Souviens toi de cette journée. Et pleure ?

Chier. 

Sauf que non, parce que j'ai regardé à la vitre, cachée derrière les rideaux.

Et non, vraiment, non. Merci. 

C'est agréable, d'être légère. On passe de bras en bras, on danse, au sein d'un groupe de danseurs plus ou moins connus, réunis là dans le même esprit.

Pas de regret de n'avoir pu danser avec l'un d'eux, pas de manque, puisqu'il s'agit seulement d'une danse, et l'intuition que demain, ou dans un mois, on retrouvera cet esprit là, avec eux ou avec d'autres, sur un air de jazz ou un fado mélodieux, dans un salon prestigieux ou un club clandestin.

Je danse, et mes pieds ne touchent pas le sol. Je danse, et lorsque la musique s'arrête, je retourne à ma vie, les yeux tout juste plus brillants d'avoir laissé mon corps s'enflammer au rythme d'un tango ou d'une valse.

Insoutenable mais agréable légèreté...

Entre feulement et grognement, je la sens qui s'agite, je l'entends qui appelle.

J'ai faim. 

Etrange, la façon dont je m'entoure, en ce moment, d'hommes de valeur. Finis, les quatres heures sans lendemain, les hommes qu'on prend, qu'on jette et qui laissent dans la bouche le goût amer d'un coup trop vite tiré.

Ce n'est pas un choix conscient que j'ai fait... C'est une démarche globale liée à un changement d'état d'esprit. Toujours est-il que les hommes que je cotoie sont plus importants à mes yeux que ceux que je cotoyais alors, et surtout, je suis plus importante aux leurs que je l'ai longtemps été aux yeux de quiconque.

Il parait que je suis une femme "qui réconcilie avec la gente féminine"... Je pourrais retourner le compliment à celui qui me l'a fait, et aux autres que je fréquente, à ces hommes de coeur, ces hommes de passion, ces hommes fiables, sains, sensibles et bons que j'ai réussi à m'attacher.

Certes, je nourris moins la bête... mais mon cerveau et mon coeur sont préservés. Et c'est plutôt pas mal !